1-Dans votre message de présentation de l’édition 2025 du SIPSA-FILAHA, vous affirmez que le Salon de cette année sera une manifestation d’exception. Pourquoi ?
Comme vous le savez, le SIPSA-FILAHA s’est imposé au fil des années en tant que carrefour incontournable des professionnels de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie en Algérie, ouvert vers l’Afrique et la région Méditerranéenne. Ce salon est un formidable levier visant à promouvoir la souveraineté alimentaire de l’Algérie et à encourager l’innovation technologique et la modernisation du secteur agricole.
Le SIPSA-FILAHA 2025 s’annonce comme une édition exceptionnelle parce que son organisation a fait l’objet d’une préparation rigoureuse et que les conditions de son succès sont aujourd’hui réunies.
Cette 23ème édition 2025 du SIPSA-Filaha sera un événement de grande envergure, à bien des égards, notamment pour la participation des exposants.
Les chiffres dont nous disposons indiquent une progression de 15 % de la surface d’exposition par rapport à l’édition 2024. Le Salon accueillera des exposants issus de 39 pays, soit 5 de plus que lors de la dernière édition et il devrait être visité par plus de 35 000 visiteurs professionnels.
Ces indicateurs révèlent ainsi un intérêt croissant des exposants internationaux pour les opportunités qu’offre le marché algérien et confirment également la position de leader de notre salon comme événement de référence dans le calendrier agricole méditerranéen et Africain.
2-Relever le défi de la sécurité alimentaire passe par la conclusion de partenariats stratégiques avec d’autres nations, à l’image des projets lancés avec l’Italie et le Qatar. Le SIPSA-FILAHA peut-il avoir un rôle dans l’impulsion de cette nouvelle dynamique ?
Très certainement, car il faut reconnaître qu’au fil des années, le salon SIPSA-Filaha s’est imposé comme un véritable catalyseur pour le développement agricole et rural national.
Comment ?
D’abord, en facilitant le transfert de technologies et l’accès aux innovations mondiales pour nos agriculteurs et éleveurs. C’est un fait indéniable, ces dernières années, nous avons vu des exploitations algériennes moderniser considérablement leurs pratiques grâce aux contacts établis et aux équipements découverts lors des éditions du salon SIPSA- SIPSA-Filaha.
Ensuite, le SIPSA a naturellement pour vocation d’être un pôle de rencontre, un facilitateur d’échange qui contribue à booster la dynamique de partenariat. Depuis 2001, le SIPSA a permis ainsi la création de plus de 120 joint-ventures entre des entreprises algériennes et internationales qui sont aujourd’hui implantées en Algérie dans le secteur agricole et agroalimentaire.
Le SIPSA-FILAHA a pour ambition, à l’avenir de renforcer son rôle d’accélérateur dans le développement de partenariats stratégiques, notamment pour la concrétisation de grands projets d’investissement qui contribuent directement à la vision d’autosuffisance alimentaire.
Illustration de cette volonté de renforcer l’option partenariat, cette année l’Italie est le pays invité d’honneur pour la première fois. Cette présence italienne renforcée apportera une expertise précieuse, notamment dans les domaines de la transformation agroalimentaire, la céréaliculture et de l’oléiculture.
Toujours au registre du développement de partenariats stratégiques, nous noterons une présence exceptionnelle de la Chine cette année, avec un nombre record d’exposants et une surface d’exposition considérablement augmentée.
3-Le salon AFRIKA FOOD EXPORT, l’un des événements marquants de cette édition 2025, a pour objectif l’intensification des échanges commerciaux Sud-Sud. Peux-t- on s’avancer à dire que les perspectives sont d’ores et déjà prometteuses ?
L’édition 2025 en tant que plateforme stratégique pour dynamiser les échanges entre les professionnels, les institutions et les partenaires économiques, accordera encore cette année un intérêt particulier aux opportunités offertes par la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF). Il faut reconnaitre que les récentes réformes visant à moderniser le secteur agricole et les nouvelles incitations en faveur des investissements étrangers créent un environnement particulièrement favorable pour nos salons professionnels SIPSA-Filaha & AFRIKA Food Export.
Afrika Food Export représente un levier stratégique pour valoriser nos productions agricoles en faveur de l’agro-industrie et encourager les stratégies de substitution aux importations. Afrika Food Export offre une plateforme idéale pour catalyser les investissements et créer des synergies entre l’Algérie et les nombreux acteurs de la région du sahel.
En raison de son rôle clé dans la valorisation des produits algériens destinés à l’exportation, nous envisageons, à l’avenir, de renforcer notre plateforme SIPSA Afrika Food Export notamment à travers l’organisation de salons en Afrique à l’image du SIPSA AFRIKA Food Dakar et SIPSA AFRIKA Food Nouakchott en 2025.
4-Le palmier dattier et l’olivier, que vous qualifiez « d’emblèmes agricoles », sont mis à l’honneur lors de l’édition de cette année. Qu’est-ce qui justifie cette initiative ?
Le choix du palmier dattier et de l’olivier n’est pas fortuit, il est motivé par la capacité de résilience de ces deux arbres face à la sécheresse qui affecte nos régions. L’arboriculture, sous certaines conditions, est particulièrement bien adaptée à la situation de stress hydrique et peut servir, partout à des plantations intercalaires. C’est particulièrement le cas pour le palmier dattier et l’olivier. Ce qui vaut pour ces deux plantes emblématiques est pertinent également pour d’autres arbres fruitiers particulièrement bien adaptés à nos climats semi-arides.
Pour valoriser cette arboriculture, le potentiel de transformations des fruits est tout simplement énorme d’autant que l’outil industriel déjà installé pour la filière tomates est parfaitement à même de les traiter dans des conditions de procédés tout à fait similaires à quelques petits aménagements près.
A l’avenir, nous pourrions donc pour une multitude d’arbres fruitiers valoriser notre potentiel à peu de frais puisque les investissements, pour une large part, sont déjà réalisés. Nous avons donc insisté à dessein sur ce type d’arboriculture car la rentabilité des investissements dans cette filière est très intéressante.
5- Au registre des performances enregistrées par l’agriculture nationale, deux wilayas sont distinguées à l’occasion du salon de cette année : El Oued, et El Tarf. Les succès enregistrés dans ces wilayas peuvent-ils être étendus aux régions du pays ?
El Oued s’est toujours caractérisée par une action paysanne inventive et dynamique. C’est cette puissance d’engagement qui fait de cette wilaya aujourd’hui une force de frappe aussi bien pour les dattes que pour les pommes de terre. Cependant, l’écosystème de cette région est fragile et demande des pratiques culturales respectueuses de la nature. Il y a encore beaucoup à faire à El Oued, mais cette wilaya se caractérise par une intelligence au travail remarquable (par exemple l’innovation du pivot de 1 ha) et nous sommes certains qu’elle continuera de contribuer fortement à notre balance agricole.
Pour ce qui concerne El Tarf, c’est la wilaya qui réunit les meilleurs atouts. L’eau est partout présente, la pluviométrie excellente, les écosystèmes sont vivants et cela donne lieu de plus en plus à des productions de légumes et fruits variés et remarquables. La tomate industrielle y prospère, mais aussi les arbres fruitiers sur les collines et montagnes qui donnent aux productions des saveurs recherchées par les fines bouches. El Tarf, même avec une superficie modeste, a tout d’une grande wilaya en raison de ses conditions pédoclimatiques uniques.